
Plan Stratégique National de prévention et de contrôle de la Résistance aux Antimicrobiens (PSN-RAM)
Atelier National sur :
« l’Approche Progressive de Gestion de la Résistance aux Antimicrobiens »
Aujourd’hui, les antimicrobiens sont des armes essentielles pour lutter contre les maladies chez l’être humain, les animaux et les plantes. Ils comprennent les antibiotiques, les antiviraux, les antifongiques et les antiparasitaires.
Ils ont permis de réduire considérablement l’ampleur des maladies infectieuses aussi bien en santé humaine et animale que végétale. Toutefois, l’utilisation inappropriée de ces médicaments favorise l’apparition et la propagation de micro-organismes résistants aux antimicrobiens. Ce qui compromet tous les acquis du progrès scientifique dans la lutte contre les maladies infectieuses et porte atteinte directement à l’innocuité et la sécurité des aliments et indirectement au développement.
Il s’agit bien de la de la résistance aux antimicrobiens, l’une des plus grandes menaces sanitaires de notre temps. C’est un phénomène qui menace de réduire à néant un siècle de progrès médical et de nous laisser sans défense contre des infections qui, aujourd’hui, peuvent être traitées facilement. Elle ne semble peut-être pas aussi urgente qu’une pandémie, mais elle est tout aussi dangereuse. (Tedros, OMS).
En septembre 2016, le secrétaire général des Nations unies, mettait en garde contre une menace fondamentale, à long terme, pour la santé humaine, la production durable de nourriture et le développement.
Au même moment, Margaret Chan, directrice générale de l’Organisation Mondiale de la Santé, évoquait « un tsunami au ralenti. » C’est une crise mondiale imminente qui pourrait éclipser le Covid-19 en matière de nombre de morts et de coûts économiques.
En effet, environ 700 000 personnes meurent chaque année à cause de cette résistance, et, « sans une action forte pour garantir une utilisation appropriée des antibiotiques existants, ainsi que de nouveaux et meilleurs traitements, ce chiffre pourrait passer à 10 millions d’ici à 2050 », selon la Fédération internationale de l’industrie du médicament (IFPMA), soit plus que le cancer. Le coût économique cumulé, d’ici à 2050, atteindrait 90 000 milliards d’euros.
Aujourd’hui, plusieurs pays disposent de plans d’action nationaux pour contrer la résistance aux antimicrobiens (RAM). Conformément au Plan Stratégique National de prévention et de contrôle de la Résistance aux Antimicrobiens (PSN-RAM) adapté dans chaque pays, la FAO, en collaboration avec l’OMS et l’OIE, a développé un outil appelé : Progressive Management Pathway (PMP) on Antimicrobial Resistance (Approche Progressive de Gestion de la résistance aux antimicrobiens (PMP-AMR)) dans les secteurs de l’alimentation et de l’agriculture pour aider les pays à progresser et à entreprendre des démarches concrètes pour élaborer et mettre en œuvre un Plan d’Action National (PAN) « One Health ».
Au Maroc, le Plan Stratégique National de Prévention et de Contrôle de la Résistance aux Antimicrobiens, s’inscrit dans le cadre de la collaboration entre le ministère de la Santé et le Département de l’Agriculture à travers l’Office National de Sécurité Sanitaire des Produits Alimentaires (ONSSA). Il est complémentaire avec les autres actions prévues dans les secteurs de la santé humaine et de l’environnement.
Mis en œuvre depuis 2015, ce Plan s’aligne sur les standards internationaux de l’OMS, l’OIE et la FAO, et avec les nouvelles orientations de la stratégie « GENERATION GREEN 2020-2030 ».
Le Maroc figure, en effet, parmi les 6 pays retenus par le Fonds fiduciaire multipartenaire (OIE, FAO et OMS) pour la résistance aux antimicrobiens, devant bénéficier d’un appui pour l’accélération de la mise en œuvre de son plan pour la période 2021-2022.
Dans ce sens, du 22 au 24 juin 2021, l’Ordre National des Vétérinaire a participé à un atelier national sur l’Approche PMP-AMR, qui a regroupé des intervenants internationaux (FAO, OMS, OIE) et nationaux (MS, ONSSA, ONV, Associations professionnelles, etc..), dans le but d’évaluer la mise en œuvre du Plan Stratégique National de prévention et de contrôle de la Résistance aux Antimicrobiens (PSN-RAM) en utilisant cet outil.
C’était aussi une opportunité pour rassembler les parties prenantes publiques et privées pour l’autoévaluation du niveau de mise en œuvre du plan stratégique national de prévention et de contrôle de la RAM (PSN-RAM) et la conception des mesures d’amélioration.
Partant d’un constat caractérisé par :
• Des données sur la RAM fragmentées et difficiles à exploiter
•L’intersection de différents secteurs (santé humaine et animale)
• La nécessité́ d’une gestion intégrée de la problématique RAM selon une approche « One Health »
•Les processus d’élaboration depuis 2005 à 2021
Plusieurs objectifs ont été tracés :
• Renforcer les connaissances à travers la surveillance et la recherche
• Réduire l’incidence des infections à travers la prévention et le contrôle
• Améliorer la sensibilisation et la compétence en matière de RAM
• Optimiser l’usage des antibiotiques en santé humaine et animale
• Renforcer le dispositif de gouvernance de la lutte contre la RAM
Ces objectifs ne peuvent être réalisées sans acquisitions des points suivants :
• La Maitrise de l’outil PMP-AMR en tant qu’outil d’évaluation pratique des activités nationales de lutte contre la RAM ;
• Le Renforcement des capacités dans les domaines d’intervention décrits dans l’outil PMP-AMR (la communication, la surveillance, les bonnes pratiques et la gouvernance) ;
• La capacité d’Évaluation des progrès de la mise en œuvre du Plan Stratégique National de prévention et de contrôle de la RAM ;
• L’Identification des actions à prendre à court terme pour améliorer le niveau de mise en œuvre du PSN-RAM.
Ces points spécifiques ont été largement débattus pendant les 3 jours que durera l’atelier. Tous les participants, étaient à analyser et compléter l’outil PMP-AMR qui devra fournir les lignes directrices et les orientations stratégiques pour mieux instituer la collaboration intersectorielle, le partenariat publique-privé, la communication entre les parties prenantes et le partage d’informations.
L’approche PMP-AMR comprend un ensemble précis d’activités, de checklists, de produits livrables et d’indicateurs clés de performance (KPI) qui couvrent 4 grands axes : la communication, la surveillance, Les bonnes pratiques et la gouvernance en matière da la RAM :
1. Sensibilisation : évaluation de la sensibilisation, rapports annuels, formation des professionnels et des producteurs.
2. Évidence – Surveillance : distribution des antimicrobiens, collecte des données de l’usage des antimicrobiens, rapport d’utilisation à l’OIE, surveillance de l’utilisateur final, capacité des laboratoires, surveillance de la RAM dans les secteurs de l’alimentation et de l’agriculture, y compris l’environnement, la santé animale et végétale.
3. Gouvernance : établissement et définition des Groupes de Coordination Multisectoriels, élaboration du plan opérationnel, cadre règlementaire, durabilité financière, recherche en matière de la RAM.
4. Bonnes pratiques : élaboration de guides de bonnes spécifique de l’UAM dans le pays, mise en œuvre de la gestion des bonnes pratiques, coaching des bonnes pratiques, résidus antimicrobiens dans l’aliment et dans l’alimentation des animaux, règlementation de l’UAM, distribution et commercialisation des antibactériens, gestion des déchets des exploitations associées à la RAM, Benchmarking de l’UAM).
Chaque axe comporte 4 étapes pour lesquelles il fallait définir le pourcentage de mise en œuvre des actions dans le plan d’action national (PAN) et définir les actions non achevées ou à mettre en œuvre.
Le rapport définitif avec des conclusions et des recommandations ainsi qu’in plan d’action détaillé et complété par des échéances de chaque action sera remis dès que possible à tous les participants.
Pour conclure, Le rôle de l’ONV est primordial dans la mise en œuvre de plusieurs actions citées dans le Plan d’Action National de lutte contre la RAM. Ainsi les groupes de coordination multisectoriels crées, ou encours de création, travailleront en collaboration avec toutes les parties prenantes pour assurer l’application des recommandations et conclusions de l’atelier.
L’ONV sera consulté dans toutes les étapes de mise en œuvre de ce plan d’action comme il a été toujours sollicité tout au long du traitement de ce dossier notamment dans l’élaboration de guide de bonnes pratiques de l’antibiothérapie, la formation et la sensibilisation des vétérinaires et la mise en œuvre des recommandations du Plan Stratégique National.