Au Maroc, les filières de productions animales jouent un rôle important sur les plans économique, social et nutritionnel. Elles assurent, ainsi, 38% du chiffre d’affaires du secteur agricole et génèrent près de 60% d’emplois en agriculture. Ces filières exploitent un patrimoine animal considérable, en matière d’espèces de ruminants, évalué à près de 29 millions de têtes, dont 3,42 millions de bovins ; 19,7 millions d’ovins ; 5,6 millions de caprins et plus de 258.000 camelins. Ces productions animales, très importantes et en perpétuelle croissance (Figures 1 et 2), contribuent à la garantie de la sécurité alimentaire du pays, en couvrant, respectivement, environ 87 % et 98 % de la demande en lait et en viandes rouges. La part des bovins dans la production nationale est estimée à 57% des viandes rouges et à plus de 97% du lait.

 

                                                                                                                                                                                                             

Figure 1 et 2 : Productions totales en lait et en viandes rouges

(MAPMDREF, 2019)

 

Les productions susmentionnées n’ont été possibles que grâce aux différents plans mis en place par l’Etat, et exécutés par les différents organismes professionnels concernés. Dans ce cadre, il y a lieu de citer, principalement, le Plan Moutonnier pour la promotion de l’élevage ovin, lancé en 1980, et qui reposait sur l’organisation territoriale de cet élevage, l’amélioration et la sauvegarde des races locales et l’organisation des éleveurs en groupements et leur encadrement technique par l’Association Nationale Ovine et Caprine (ANOC).
Pour ce qui est de l’élevage bovin, le Plan Laitier de 1975 et le Plan Maroc Vert (PMV), inauguré en 2008, ont influencé d’une manière profonde la structure génétique du cheptel bovin national. La part des bovins importés est devenue largement répandue dans les exploitations. Ces importations se sont élevées à plus de 21.200 bovins reproducteurs en 2018, dont 15.300 génisses subventionnées. Associée à ces importations, l’introduction de l’insémination artificielle (IA) dès les années 50, puis la création de centres régionaux d’IA a contribué à l’apparition et à l’émergence d’un noyau bovin de type croisé          (local x importé) qui représente près de 32% des effectifs totaux (Figure 3).

Figure 3. Structure génétique du cheptel bovin laitier (Tazi, 2017).

                                                                                                                                                                                                                   Il y a lieu de signaler aussi que le PMV qui, soit dit au passage, a permis la réorganisation des filières et boosté les productions animales, notamment par la création de fédérations interprofessionnelles (FIMLAIT puis Maroc Lait, FIVIAR…etc.) et la signature de contrats-programmes, a promu en particulier aussi la production de viandes rouges bovines, à travers l’autorisation d’importations de veaux de type viande pour l’engraissement, ainsi que l’encouragement du croisement industriel bovin, via l’insémination artificielle, grâce à des primes accordées à chaque veau croisé-né. Cette subvention étatique a néanmoins été arrêtée depuis 2017.
Les efforts substantiels consentis par les opérations d’importation des races bovines améliorées, l’encadrement et la vulgarisation des techniques d’élevage, les campagnes de vaccination et d’encadrement sanitaire, avec la lutte contre les maladies réputées légalement contagieuses et les programmes d’urgence déployés en cas de sécheresse ont contribué aux niveaux de productivité actuels, amenés à être améliorés davantage, grâce aux efforts soutenus de l’Etat et des professionnels, dont l’Ordre National des Vétérinaires , avec l’implication active des Docteurs Vétérinaires, tous secteurs d’activités confondus. A ce propos, il y a lieu de se féliciter des efforts inlassables de la profession vétérinaire, dont le concours a été, à chaque fois, décisif dans la réussite de plusieurs programmes nationaux, dont on peut citer, entres autres, la gestion des épidémies affectant les ruminants (Fièvre catarrhale ovine, Peste des Petits Ruminants, Clavelée, Fièvre aphteuse, etc.), les opérations de mise en place et de suivi du Système National d’Identification et de Traçabilité (SNIT) lancé en 2015, en plus de la veille sanitaire pour la réussite de la fête du Sacrifice et la contribution quotidienne à l’épidémio-surveillance dans les élevages et les abattoirs.